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"Un char pompeusement orné
 Présente à notre œil étonné
 Quinze poissardes qu'avec peine
     Une rosse traine: Jupiter les mène;
 Un Cul-de-jatte est à cheval;
 V’là c'que c'est que l'Carnaval.

"Arlequin courtise Junon,
 Columbine poursuit Pluton,
 Mars Madame Angot qu'il embrasse,
      Crispin une Grace, Venus un Paillasse;
 Ciel, terre, enfers, tout est égal;
 V’là c'que c'est que l'Carnaval.

"Mercure veut rosser Jeannot,
 On crie à la garde aussitôt;
 Et chacun voit de 1'aventure
      Le pauvre Mercure à la préfecture,
Couché,—sur un procès verbal;
V’là c'que c'est que l’Carnaval.

"Profitant aussi des jours gras,
 Le traiteur déguise ses plats,
 Nous offre vinaigre en bouteille,
     Ragût de la vieille, Daube encore plus vieille:
 Nous payons bien, nous soupons mal;
 V’là c'que c'est que 1'Carnaval.

"Carosses pleins sont par milliers
 Regorgeant dans tous les quartiers;
 Dedans, dessus, devout, dernière,
     Jusqu'à la portière, quelle fourmilière!
 Des fous on croit voire l'hôpital;
 V’là c'que c'est que l'Carnaval.

"Quand on a bien ri, bien couru,
 Bien chanté, bien mangé et bu,
 Mars d'un frippier reprend l’enseigne,
     Pluton son empeigne, Jupiter son peigne:
 Tout rentre en place; et, bien ou mal,
 V’là c'que c'est que l'Carnaval,"