MEMORY OF PROFESSIONAL RECITERS. 143 man as attaining the utmost perfection in his art, if he had been conscious that the memory of the bard was only maintained by constant reference to the manuscript in his chest. Nor will it be found, after all, that the effort of memory required, either from bards or rhapsodes, even for the longest of these old Epic poems, though doubtless great, was at all super- human. Taking the case with reference to the entire Iliad and Odyssey, we know that there were educated gentlemen at Athens who could repeat both poems by heart : l but in the professional 1 Xenoph. Sympos. iii. 5. Compare, respecting the laborious discipline of the Gallic Druids, and the number of unwritten verses which they retained in^their memories, Caesar, E.G. vi. 14; Mela. iii. 2; also Wolf, Prolcgg. s. xxiv. and Herod, ii. 77. about the prodigious memory of the Egyptian priests at Hcliopolis. I transcribe, from the interesting Discours of M. Fauriel (prefixed to his Chants Populaircs de la Grece Moderne, Paris 1824), a few particulars re- specting the number, the mnemonic power, and the popularity of those itinerant singers or rhapsodes who frequent the festivals or paneghyris of modern Greece : it is curious to learn that this profession is habitually exer cised by blind men (p. xc. seq.). " Lcs aveugles cxcrccnt en Grece unc profession qui les rend non settle- ment agre'ables, mais necessaires ; le caractere. 1'imagination, et la condition du peuple, e'tant ce qu'ils sont: c'est la profession de chanteurs ambulans. Us sont dans Fusage, tant sur le continent que dans les iles, de la Grece, d'apprendre par cceur le plus grand nombre qu'ils peuvent de chan- sons populaires de tout genre et de toute epoque. Quelques uns finissent par en saroir unc quantite prodigieuse, et tous en savent beaucoup. Avec ce tre'sor dans leur me'moire, ils sont toujours en marche, traversent la Grece en tout sens ; ils s'en vont de ville en ville, de village en village, chantant a 1'auditoire qui se forme aussitot autour d'eux, partout ou ils se montrent, celles de leurs chansons qu'ils jugent convenir le mieux, soit a la localite, soil a la circonstance, et rc9oivent une petite retribution qui fait tout leur revenu. Ils ont Fair de chcrcher de preference, en tout lieu, la partie la plus inculte de la population, qui en est toujours la plus curieuse, la plus avido d'impressions, et la moins difficile dans le choix de ceux qui leur sont offertes. Les Turcs seuls ne les ecoutent pas. C'est aux reunions nombreuses, aux fetes de village connues sous le nom de Paneghyris, que ces chanteurs am- bulans accourent le plus volontiers. Ils chantent en s'accompagnant d'un instrument a cordes que 1'on touche avec un archet, et qui est exactement I'aucienne lyre des Grecs, dont il a conserve le nom comme la forme. ' Cette lyre, pour etre entiere, doit avoir cinq cordes : mais souvent elle n'en a que deux ou tr:is, dont les sons, comme il est aise de presumer, n'ont rien de bien harmonicux. Les chanteurs aveugles vont ordinairement isol&, TOL. II. 7 IGoC.