distingua par la modération de ses principes et la sagacité de sa discussion; et, en admirant les motifs de M. Law, il conclut à la rejection de sa mesure. Contre tant d'opposition, lord Cornwallis seul, convaincu par les arguments de M. Law, eut le courage de se décider en faveur du système permanent. Il en prescrivit d'abord l'exécution dans le district administré par M. Law, et lui fit quitter ensuite son emploi pour le mettre à la tête de l'établissement général et le charger de mettre en activité le plan qu'il avait conçu et défendu avec tant de constance. L'entreprise était forte, et le manque de succès n'eût pas trouvé de pitié chez ceux qui avaient été contraires au système. M. Law ne fut point effrayé de ces obstacles et réussit a les surmonter. Il proposa successivement au gouverneur général et au bureau de revenu tous les règlements nécessaires pour faire cesser l'ancien ordre d'impositions en fermes, et pour établir l'ordre nouveau d'impositions perpétuelles et fixes.—Une autre branche de son plan de taxes était l'abolition des droits locaux de talls et de péages et autres exactions dont le commerce intérieur était chargé par les propriétaires natifs, au passage de toutes les rivières, le long de tous les chemins et au séjour dans toutes les foires ou marchés. Il proposa d'indemniser les propriétaires qui avaient titre ou possession suffisante, et de rendre au commerce opprimé par ces droits une liberté, source d'industrie pour le pays même et de revenu pour la Compagnie.
Lord Cornwallis a eu le bonheur de voir réussir complètement ces institutions libérales pour lesquelles il donna constamment à M. Law le plus généreux support. II eut aussi la satisfaction de les voir entièrement approuvées par une lettre générale de la Compagnie, sous l'autorité de laquelle elles sont devenues loi.
Au commencement de 1792, M. Thomas Law est revenu en Angleterre, emportant du Bengale les témoignages les plus avantageux des officiers de la Compagnie, les marques les plus vives de l'affection et du regret des natifs et l'amitié de lord Cornwallis. Il emportait aussi la conscience d'avoir fait le bien, de l'avoir fait très en grand, tant par rapport à l'étendue du pays, de la population et des revenus sur lesquels il avait opéré, qu'en égard aux conséquences de son système en faveur de la métropole, et des ressources à tirer de l'Inde devenue un pays agricole et plus manufacturier que jamais sous un régime qui ne pouvait plus opprimer l'industrie. Il prévoyait dès lors le danger des colonies à sucre dans les Indes occidentales, et désirait qu'on encourageât la culture des sucres de l'Inde tant par la réduction du fret des vaisseaux de la Compagnie que par celle des droits qui donnent aux marchands des Indes occidentales l'équivalent d'un monopole. II s'attendait à fixer l'attention de l'administration sur ces grands objets; et