Auto-da-fé! Pardon, bonté, lumière, feu,
Vie! éblouissement de la face de Dieu!
Oh! quel départ splendide et que d'âmes sauvées!
Juifs, mécréants, pécheurs, ô mes chères couvées,
Un court tourment vous paie un bonheur infini;
L'homme n'est plus maudit, l'homme n'est plus banni;
Le salut s'ouvre au fond des cieux. L'amour s'éveille,
Et voici son triomphe, et voici sa merveille,
Quelle extase! entrer droit au ciel! ne pas languir!
Cris dans le brasier.
Que l'éternel forçat pleure en l'éternel bouge!
J'ai poussé de mes poings l'énorme porte rouge.
Oh! comme il a grincé lorsque je refermais
Sur lui les deux battants hideux, Toujours, Jamais!
Sinistre, il est resté, derrière le mur sombre.
Il regarde le ciel.
Le paradis souffrait; le ciel avait au flanc.
Cet ulcère, l'enfer brûlant, l'enfer sanglant;
J'ai posé sur l'enfer la flamme bienfaitrice,
Et j'en vois dans l'immense azur la cicatrice.
C'était ton coup de lance au côté, Jésus-Christ!
Hosanna! la blessure éternelle guérit. Plus d'enfer.
C'est fini. Les douleurs sont taries.
Il regarde le quemadero.
Flambez, tisons! brûlez, charbons! feu souverain,
Pétille! luis, bûcher! prodigieux écrin
D'étincelles qui vont devenir des étoiles!
Les âmes, hors des corps comme hors de leurs voiles,
S'en vont, et le bonheur sort du bain de tourments!
Splendeur! magnificence ardente! flamboiements!
Satan, mon ennemi, qu'en dis-tu?
En extase.
De toutes les noirceurs par la flamme sauvage!