Early Christianity in Arabia/Appendix B
(B) referred to at page 39.
Arabian accounts of the origin of Dzu Nowass' enmity to the Christians, from d'Herbelot, Bibliothèque Orientale.
"Abu-Nauàs. Il regnoit dans l'Iemen ou Arabie heureuse, avant le temps de Mahomet, et etoit grand ennemi des Crêtiens, dont le nombre s'étoit fort multiplié dans ses états. Houssain-Vaez sur le chapitre 85 de l'Alcoran intitulé Sourat-al-bourouge, des signes du Zodiaque, où il est parlé des Ashab-al-okhdoud, c'est-a-dire de ceux qui avoient preparé des fosses pleines de feu, rapporte l'histoire suivante, qui est fort avantageuse aux Chrêtiens. Il dit donc qu'Abou-Nauàs, roi idolâtre, et fort adonné à la magie, avoit auprès de lui un celebre magicien, que l'on regardoit comme son premier ministre, et lequelle en cette qualité gouvernait avec une authorité presque absoluë ses etats. Cet homme se voyant fort avancé en âge, dit au roi que le grand nombre de ses années le rendant de jour à autre moins propre à son service, il le prioit de lui donner quelque jeune homme bien né, et qui fût capable d'apprendre tout ce qu'il lui enseigneroit touchant son art, afin qu'apres l'avoir bien instruit, il pût lui rendre après sa mort les mêmes services qu'il avait tâché de lui rendre pendant sa vie. Le roi agrea cette proposition, et lui donna un de ses propres enfans à instruire. Le jeune prince doüé de beaucoup d'esprit, profitait tous les jours de plus en plus en l'école de ce vieillard, et allait de tems en tems à la campagne pour y pratiquer ce que son maitre lui avait appris. Un jour qu'il s'étoit un peu écarté du chemin, il trouva dans un lieu fort retiré un hermite Chretien, auquel il demanda quelle étoit la forme de vie qu'il menait dans ce desert. Cet hermite en satisfaisant sa curiosité sur ce point, prit occasion de l'instruire de la connoisance du vrai Dieu qu'il servait, et de l'aveuglement de ceux qui n'adorant que des idoles, ou plûtôt des dêmons, abusaient par leurs enchantements la plus grande partie des Arabes. Le prince prit goût à ce qu'il entendait, et trouva la vie que menait cet Hermite si agreable, qu'il resolut de l'imiter, de se soûmettre à sa conduite, et de se ranger sous son obeïssance, pour être pleinement instruit de la connoissance et du culte du soverain maître dont il lui parloit.
"Il quitta donc son magicien et s'attacha si bien à son nouveau maître, qu'il fit en peu de tems de très-grands progrez dans la vie spirituelle. Dieu l'éclaira de ses plus pures lumières, et le favorisa même du don des miracles qui le desabuserent bien-tôt des faux artifices et des prestiges de la magie. Un jour qu'il fut obligé de quitter son desert pour aller à la ville, il trouva sur sa route un serpent d'une énorme grosseur, lequelle avoit tellement effrayé tout le pays circonvoisin, qu'aucun n'osait se hasarder de passer par cet endroit: il invoqua aussi tôt le nom de Dieu createur du ciel et de la terre, et armé de la seule confiance qu'il avait en lui, il s'approcha de ce monstre, et lui commanda de quitter ce lieu là, et de retourner dans celui d'où il étoit sorti. Ce monstre obéït promptement, et tous ceux qui furent presens à cette action, admirerent la puissance du Dieu qu'il avait invoqué. Il fit encore la même chose à l'égard d'un lion qui traversait son chemin, car s'approchant de lui il lui mit la main sur le col, et le caressa comme il aurait fait un agneau. Le bruit de ces miracles se répandit en peu de tems dans le pays, et chacun était persuadé que le Dieu qu'il adorait ne refusait rien à ses prieres. En effet un des principaux seigneurs de la cour, qu'avait perdu la vûë, vint à lui pour la recouvrer, et le jeune prince lui dit que s'il voulait suivre la loi qu'il lui enseigneroit, et promettre de lui garder le secret, Dieu par sa toute-puissance lui rendrait infailliblement la vûë. Ce seigneur n'eut pas grand peine à le lui promettre, et il fut incontinent éclairé: mais il alla d'abord se présenter au roi, lequel lui ayant demandé comment il avait recouvré l'usage de la vûë, Dieu tout-puissant, lui répondit-il, me l'a rendu par sa grace. Alors Abou-Nauàs voulut savoir de lui qui était ce Dieu, et il lui repliqua: C'est le seul et unique Dieu qui n'a point de semblable. Abou-Nauàs, qui était fort attaché au culte de ses faux dieux, usa d'artifice pour apprendre de lui qui était le maître de cette nouvelle doctrine, et pour cet effet il lui dit: Je voudrais être instruit, aussi-bien que vous, de cette divinité, pour y croire; et ce seigneur qui était déja animé d'un grand zele, et désiroit extrémement d'attirer le roi à la connoissance du vrai Dieu, ne manqua pas de lui découvrir aussi-tôt le docteur qui la lui avait enseignée, et après s'être informé exactement de tous ce qu'il croyait et enseignait aux autres, fit tous ses efforts pour le fair renoncer à cette créance: mais connue il s'apperçut que ni les promesses ni les menaces n'étoient pas capables d'ébranler sa foi, il commanda qu'on le menât bien avant en haute mer, pour le fair perir; mais il arriva que ceux qui la conduiserent furent tous submergez, et qu'il se sauva lui-seul.
"Le roi fort irrité commanda derechef qu'on le jettât dans une fosse pleine de feu: mais le feu s'élevant au dessus de la fosse, brûla tous les executeurs de cet sentence injuste, sans que ce jeune Chrêtien en fût endommagé. Ou l'attacha ensuite à un arbe, et on fit décocher contre lui mille traits, dont aucun ne l'offensa; et ce fut alors que cet invincible martyr dit au roi: Croyez en ce Dieu qui fait paroître tant de prodiges à vos yeux, c'est lui qui à créé toutes choses, et qui en est par consequent le maître absolu: mais le rois s'endurcissant de plus en plus dans son incredulité, lui dit: Je ne veux autre chose, sinon de vous ôter la vie. Le Chrêtien alors lui repartit; Si vous voulez executer ce dessein, tirez contre moi une fleche en disant ces paroles: Au nom du Dieu en qui tu crois, et vou verrez l'effet qu'elle produira. Le roi executa ce qu'il lui dit, et du seul coup il mit à mort ce généreux martyr. Tous ceux qui assisterent à ce combat glorieux firent profession publique de la foi que le martyr leur avait annoncée, et remporterent une victoire signalée contre ce tyran, lequel irrité par leur constance, les fit jettre tous dans des fosses qu'il fit creuser et remplir de feu dans la montagne voisine, et c'est de ces fosses ardentes, ou fournaises, que le nom de Ashab-al-okdoud est demeuré à ces peuples.—Houssain-Vaez.
"Il-y-a cependant d'autres historiens qui rapportent differemment l'histoire des fosses pleines de feu dont il est parlé dans l'Alcoran. Ils disent qu'Abou-Nauàs s'etant un jour enyvré, coucha avec sa propre sœur, et qu'aussi-tôt qu'il fut retourné en son premier état, il lui dit: Que ferons-nous pour nous garantir de la honte qui nous couvrira aussi-tôt que ce que c'est passé entre nous sera divulgué? Sa sœur lui dit: Je ne sçai point de meilleur expedient que celui-ci: Faîtes publier une loi par laquelle il sera permis à chacun d'épouser sa propre sœur; car après que cette loi aura été reçuë et pratiquée par vos sujets, on ne s'étonnera point si vous m'épousez; et lorsque l'on aura oublié ce qui s'est passé, vous en pourrez fair publier une autre qui abolira la première, et vous remettrez ausi les choses au même etat qu'elles sont à present.
"Le roi trouva ce conseil fort bon, et s'en voulut servir : mais aussi-tôt que la loi qui permettoit aux freres et aux sœurs de se marier ensemble eut été publiée, les peuples, et particulierement les Chrêtiens qui étaient pour lors en très-grand nombre dans l'Arabie, s'y opposerent si fortement, que le roi ne peut jamais le fair passer, nonobstant toutes les menaces et toutes les peines qu'il fit souffrir aus desobeïssants. Mais enfin cette resistance si générale alluma sa colere à un telle point, qu'il fit creuser plusieurs puits qu'il remplit de feu où il commanda que l'on jettât tous ceux qui ne se rendaient pas à ses volontés.—Thiraz al-mankousch."